samedi 26 novembre 2011

Un chemin de traverse vers le voyage



Un chemin de traverse vers le voyage

Projet Presqu'île André Malraux

Une maille dans la nappe pensante 

Batailles d’influences autour de la réhabilitation de l’entrepôt Seegmuller

Les travaux ont débuté, la commercialisation des espaces est en cours. L’entrepôt Seegmuller, en cours de réhabilitation sur la presqu’île Malraux, sera un ovni dans le paysage urbanistique et fonctionnel de Strasbourg. A l’intérieur de cet ensemble mêlant architectures des années 1930 et 2010, se côtoieront pour la première fois des entreprises, un « pôle culturel et créatif » semi-public, des commerces, des restaurants et des logements. Mais rien ne se fait sans heurts.


Le débat va être agité ce vendredi matin en conseil de communauté urbaine de Strasbourg, où les élus sont invités à voter la « création, gestion et exploitation d’un Pôle culturel et créatif dans l’entrepôt sur la presqu’île Malraux » (point 39 de l’ordre du jour, à lire ci-dessous). En question, l’utilisation aux contours encore flous de ces 2 000 mètres carrés de l’entrepôt Seegmuller, rachetés par la collectivité à Icade. Rachetés, parce que la CUS, par l’intermédiaire de la SERS, sa société d’économie mixte chargé d’aménagement, avait déjà acheté le site au Port autonome avant de le revendre à Icade. Pourquoi ce va-et-vient ? « Parce que notre vocation n’est pas de construire pour vendre à des particuliers », argue Jacques Bigot, président de le CUS.
Fabienne Keller, maire de Strasbourg entre 2001 et 2008, à qui l’on doit notamment la création de la médiathèque Malraux sur le même môle, exprime son « inquiétude » :
« Ce projet est assez étrange, il y a un problème de précision du concept… Va-t-il y avoir dans cet espace racheté par la CUS des bureaux d’entreprises privées ? Auquel cas, un coût d’aménagement de 500 000€ supporté par la collectivité ne se justifie pas. Ou bien va-t-il y avoir des espaces culturels ? Si oui, lesquels ? On ne sait pas qui va gérer, quels seront le cahier des charges et les objectifs… Et puis, plus largement, ce bâtiment va être bloqué par les deux ou trois tours à construire autour, cela va couper la circulation naturelle du public. Je suis inquiète sur le fonctionnement futur du site. »

Déjà 40% des surfaces vendues

Alors, que va-t-il y avoir dans cet ancien entrepôt ? D’abord, au rez-de-chaussée, des commerces et quatre restaurants. On parle de Léon de Bruxelles et de La Boucherie. Cette dernière enseigne a bien confirmé qu’un engagement était signé, « pour une livraison des locaux au second semestre 2013″. Ensuite, dans les étages, des entreprises privées parmi lesquelles The connecting place, Denovo design (selon des sources concordantes, mais non confirmé) ou l’agence Advisa, sont en cours de négociations avec le vendeur. Olivier Kubler, dirigeant fondateur d’Advisa, une « web agency senior sur le marché », note à ce propos :
« Rien n’est encore signé avec Icade. Mais moi, j’ai eu un coup de cœur pour ce bâtiment. J’ai un faible pour la culture industrielle et ce lieu a une vraie tronche, une âme ! Ce qui m’intéresse aussi, c’est cette synergie avec d’autres acteurs du digital que la CUS veut créer. Pour nous, c’est plus cher d’acheter là que dans un endroit moins central, mais on fait le pari de la visibilité. Et on espère ne pas se tromper… »
Une école aussi, l’ECS (European communication school) devrait investir dans 850 mètres carrés. Luc Buckenmeyer, son directeur, reste néanmoins prudent :
« Nous étions intégrés dès le départ dans ce projet, mais nous avions stoppé les négociations avec Icade il y a deux mois, car les contraintes du site, poteaux, murs porteurs etc., étaient trop fortes. Cela ne correspondait pas à nos besoins. Et puis Icade a fait des efforts, créé des gaines techniques, des ouvertures de fenêtres, et les discussions ont repris. Mais je visite toujours d’autres lieux… »
Il concède :
« L’intérêt pour nous de nous installer à cet endroit : la proximité du campus universitaire, l’image du lieu, et surtout la place, puisque nous avons besoin de nous agrandir pour ouvrir un Institut européen de journalisme dans les années à venir. »
Toujours dans la partie existante, celle des années 1930, s’intégrera le fameux « pôle culturel et créatif » de la CUS, situé au milieu du bâtiment, répartis aux rez-de-chaussée, 1er et 2ème étages. Alors késako ? Dans ces 2000 mètres carrés, devraient s’intégrer deux entités qui se partageront (théoriquement) la gouvernance du lieu : celui de La Plage, un espace de coworking de 300 mètres carrés géré par l’association Alsace Digitale, et une autre constituée d’un groupement d’artistes et d’acteurs culturels, parmi lesquels, dit-on, La Laiterie-Artefacts. L’objectif de la collectivité, qui va investir 5,7 millions d’euros pour acheter le foncier à Icade et aménager le lieu, est de favoriser les interactions entre l’économie numérique et la culture, mais aussi de créer un lieu de rencontres entre ces acteurs et le public, à l’occasion d’expositions, de journées portes ouvertes, etc. Des fonctions difficiles à concilier, qui font l’objet de discussions parfois houleuses en comité de pilotage.

La Plage digitale, une préfiguration du pôle créatif et culturel

Une préfiguration de cet espace existe déjà depuis le mois d’avril 2012 à Strasbourg, puisque La Plage a posé ses valises de façon provisoire de l’autre côté du canal, au 15 route du Rhin. C’est d’ailleurs dans ces locaux qu’est installée la rédaction de Rue89 Strasbourg. Le fonctionnement : La Plage loue 470 mètres carrés à la SERS pour 7000€ par mois et les entreprises présentes dans l’espace de travail partagé s’acquittent elles d’un loyer au prix du marché auprès de La Plage. Cette dernière perçoit une subvention de 80 000€ par an, qui couvre une partie de ses frais de fonctionnement. L’association s’engage en retour à organiser des événements, à accueillir de façon ultra-flexible des auto-entreprises ou des start up qui ne peuvent s’engager sur un loyer que quelques mois, etc.

Reste la superstructure, qui chapeautera la partie allongée de l’entrepôt. Elle abritera trois étages de logements de standing, dont plus de 50% sont réservés, assure le responsable de la commercialisation, Philippe Scaltriti. Prix moyen du mètre carré : 4600€. Sauf que cette structure, qui améliore pour le promoteur la rentabilité de l’ensemble, agit aussi comme une contrainte pour la vente des étages inférieures. En effet, elle alourdit le bâtiment, qui doit répondre à de nombreuses normes, et notamment sismiques. Lors d’une visite de presse organisée sur le site en mai, le promoteur avait glissé que la mise en sécurité de l’entrepôt nécessitait des « fondations spéciales » et donc des surcoûts importants. Icade devrait néanmoins équilibrer son opération avec la commercialisation des trois nouvelles tours, dont la construction est prévue entre l’entrepôt et la station de tram Winston-Churchill.


Ordre du jour - 29 mai 12 Archi strasbourg.org

Reconversion d'un monument industriel : Môle Seegmuller Strasbourg
Source: http://www.heintzkehr.fr/projets.php?cat=7

Le permis de construire vient d’être délivré. Monument industriel, vestige du port d’Austerlitz des années 1930, l’entrepôt commercial où se trouvait ancré jusqu’en l’an 2000 l’armement Seegmuller va faire l’objet d’une opération immobilière chiffrée à 35 millions d’euros.

Entre canal de jonction et bassin d’Austerlitz, après la transformation d’une première friche en médiathèque André-Malraux, en 2008, c’est au tour d’un deuxième bâtiment du môle de faire l’objet d’une reconversion (à côté, autre élément de la composition, le silo central qui domine aujourd’hui le site est réservé à la réalisation d’une « Maison de l’accueil international » dans le cadre du plan « campus »).
Datant de 1932, il s’agit du premier édifice à avoir été reconstruit par le Port autonome de Strasbourg sur le terre-plein après le grand incendie de 1928.
Dessiné par Gustave Umbdenstock, le solide bâtiment industriel comprend des magasins d’entreposage (la partie horizontale) flanqués, à l’Est, côté place Winston-Churchill, d’une tour qui abritait bureaux et logements de service du locataire, l’armement Seegmuller.

Comme un conteneur à la place de la toiture

Désaffecté après le naufrage de la société, en l’an 2000, l’entrepôt a été attribué au groupement Icade à la suite de la fameuse consultation d’investisseurs-exploitants lancée en 2009 par la SERS, le projet étant établi en partenariat avec les architectes Georges Heintz et Anne-Sophie Kehr (HK et associés).
L’édifice historique, pièce d’un rare patrimoine portuaire, doit faire l’objet de deux interventions contemporaines.
La plus spectaculaire vise à démonter le toit à longs pans et à tuiles plates du bâtiment d’entreposage et à coucher sur les murs en place un parallélépipède de trois niveaux. Percé de patios, un volume horizontal et largement vitré dont la structure en acier reprend le rythme des travées existantes et s’inscrit dans la rhétorique portuaire.
Dans le même registre, le volume en question peut être vu comme une évocation du conteneur, étant entendu que de telles boîtes n’ont jamais été empilées sur les quais du bassin d’Austerlitz.
Si le rajout affirme ainsi son appartenance au bâtiment d’origine, il revendique aussi sa modernité et se distingue notamment par son gabarit : l’extension se trouve posée en encorbellement sur les longues façades Nord et Sud (un débord de 2,50 mètres) et, surtout, présente un spectaculaire porte-à-faux (15 mètres) à l’Ouest, vers le haut silo à grains.
L’autre retouche concerne la tour de bureaux, l’élément qui constitue un signal de l’ensemble côté Est : le comble est rehaussé, vitré et surmonté d’une casquette en gradins. abritant des installations techniques.
À l’instar des deux autres édifices alignés sur la presqu’île (le dispositif était très en vogue dans les années 1930), le bâtiment se trouvera gratifié, 80 ans après sa construction, d’un couronnement étagé.
Pour le reste, la partie ancienne, avec son ossature de béton et son remplissage de briques rouges (il n’est pas question de les recouvrir d’une peinture argentée) est destinée à être réhabilitée et restructurée. « Le projet met en valeur le rythme du bâtiment, sa trame en staccato », explique Georges Heintz.
L’entrepôt du môle du bassin d’Austerlitz est ainsi promis à une réhabilitation lourde, le projet prenant en compte les nécessaires performances énergétiques et autres contraintes technologiques. « Le respect des normes parasismiques constitue le problème le plus ardu », précise Olivier Kinder, le directeur d’Icade pour l’Alsace.
Le budget d’investissement (acquisition foncière, travaux, honoraires) se monte à 35 millions d’euros. Le chantier devrait être engagé en mars 2012 et bouclé avant la fin de l’année 2013, la livraison des logements étant prévue début 2014.
Plan campus: projet du gouvernement Fillon

Maison de l'accueil international

Presqu’île Malraux Lancement des travaux des Docks

Hier, Roland Ries et le PDG d’Icade ont lancé ensemble le programme des Docks, sur la presqu’île Malraux. Projet « haut de gamme », ce chantier est le premier d’une longue série de nouveaux édifices abritant logements, bureaux, commerces et services, qui viendront compléter, d’ici 2015, l’ancienne zone portuaire. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire